Méthode du
COMMENTAIRE
COMPOSÉ
Le
Texte
Il faut comprendre le texte comme un tissage où
les phrases s'entrecroisent jusqu'à former un maillage. C'est dans ce
maillage que l'interprète, c'est à dire le récepteur du texte, va
"trouver" un sens.
Lieu de rencontre entre l'auteur et son lecteur,
le texte sert à informer, décrire, narrer, argumenter, convaincre,
exprimer des sentiments... Si bien sûr il est possible d'utiliser
divers types de textes pour remplir ces fonctions, certains types sont
généralement plus efficaces que d'autres. À moins de vouloir obtenir un
effet très insolite, on n'écrit pas une petite annonce pour vendre sa
voiture comme une carte postale etc. Pour chaque fonction, les
locuteurs d'une langue ont mis au point quelques types particulièrement
efficaces qui obéissent à des règles relativement précises. Le contenu
et la composition texte doivent donc tenir compte d'abord de la
fonction qu'on veut lui assigner. Pour le comprendre un texte, il faut
en avoir élucidé au préalable le type et la fonction.
Il conviendra par conséquent pour l'étude d'un
texte selon un commentaire composé de donner un sens à ce texte, et
pour cela établir une hypothèse de lecture. Cela signifie que l'on va
présumer que le texte produit un sens donné et l'on va s'appuyer pour
ce faire sur des indices qui viendront étayer cette hypothèse de
lecture. Ces indices peuvent être lexicaux ( usage d'un vocabulaire
spécifique, champs lexicaux ou sémantiques ), grammaticaux (modes,
pronoms, types de phrases etc...etc...), réthoriques (figures, types de
raisonnements, plans etc...etc... ) parfois rythmiques ou prosodiques (
versifications, rythmes ) - surtout dans les poèmes. il faut alors
croiser ces indices en faisceaux jusqu'à ce qu'ils fassent sens.
Le
Commentaire
Le commentaire composé est une forme d'exercice
qui suppose un double travail :
- D'une part, l'étude détaillée d'un texte
littéraire sous le double aspect du sens et des formes d'écriture
- D'autre part, la construction d'un exposé
écrit qui vise à restituer l'image essentielle que l'on peut retenir de
ce texte en l'ayant au préalable décomposée en éléments plus simples
par lesquels on commence l'exposé.
Le commentaire composé suppose donc une capacité à comprendre le sens
et les beautés d'un texte, mais aussi une capacité à construire un
schéma de réflexion pour rendre compte de la lecture faite de ce texte.
But
de l'Exercice
- Etudier un texte revient à comprendre qu'un
auteur n'écrit pas par hasard ou que même si c'est le cas, notre
décryptage d'un texte vient d'une manière d'appréhender la forme d'un
texte. Il s'agit donc d'essayer de percevoir le réseau de construction
d'un texte en utilisant ce que l'on a appris tout au long de sa
scolarité en étudiant des textes de poésie, de romans, de théâtre...
- En fait le devoir vise , à partir de
l'analyse préalable du texte, à en proposer une vision structurée et
cohérente. C'est la raison pour laquelle on propose d'étudier le texte
selon des angles qui semblent a priori différents, mais qui s'appuient
les uns sur les autres pour révéler finalement une vision d'ensemble
suffisamment profonde.
- En bref montrer la richesse d'un texte en
réorganisant sa matière ( cf. " composé ") autour de trois ou quatre
points centraux ou " centres d'intérêt ".
1°) L'Introduction
- D’abord, situer le texte à commenter
- à l’intérieur d’un ensemble plus vaste
(vie et œuvre de l’auteur / mais ne racontez la vie de l'auteur si elle
ne vous sert pas directement pour commenter le texte / , genre ou
courant littéraire, champ thématique, contexte éventuel, s'il existe un
lien entre le texte et son époque ..).
Si vous ne connaissez pas l'auteur, la mise en situation peut se faire
par comparaison avec un type de texte semblable, en recourant aux
notions de genre (poésie lyrique, épopée, élégie, roman...) ou d'époque
littéraire, voire d'école.
- mais aussi à l’intérieur de l’œuvre dont
ce texte est tiré . Dans tous les cas, les informations données à
titre liminaire ne doivent pas l’être sans raison(s), en quelque sorte
gratuitement, elles doivent mener à quelque chose, elles doivent amener
logiquement à la présentation du texte.
- Présenter le texte et votre projet de
lecture :
Le texte à commenter brièvement identifié (
analyse rapide du texte et de sa forme : dialogue, récit, narration,
description, discours, poème, scène de théâtre, monologue, tirade,
texte argumentatif…), il convient de présenter, avec élégance et
concision, ses caractères remarquables, thématiques et/ou formels,
c'est-à-dire les caractéristiques susceptibles d’en faire apparaître
l’intérêt et, dans le même temps, de déterminer ou sélectionner une
certaine manière de l’aborder, en d’autres termes : d’assigner au
commentaire un objectif central et fédérateur. Il est important
d’énoncer fermement ce projet de lecture et de le garder constamment
présent à l’esprit : c’est le plus sûr moyen d’éviter de tomber
dans le "montage" d’analyses indépendantes qui n'offrirait aucune
cohérence pour apprécier l'ensemble du texte.
- le "plan" ou progression :
Annonce de votre plan : indication des thèmes qui forment le sujet de
chaque grande partie, dans l'ordre où celles-ci vont se présenter.
Attention:
- à la différence de l’explication suivie,
ce n’est pas la continuité du texte qui commande la construction du
devoir, mais les angles de vue (ou axes de lecture) adoptés (2, 3 ou 4
au maximum), c’est-à-dire les aspects (thématiques ou formels) que l’on
se propose d’étudier par vagues successives et l’ordre selon lequel on
se propose de les étudier.
- il ne s’agit pas de dissocier
différents aspects du texte, mais au contraire de montrer que ces
différents aspects sont étroitement solidaires, solidarité qui fonde la
cohérence interne dudit texte : les "parties" du développement
s’inscrivent donc bel et bien dans l’économie d’une progression
d’ensemble.
2°) Le développement
Son organisation:
Un commentaire composé est un....commentaire composé, c'est un
commentaire construit, ce n’est pas fouillis dispersé de remarques
indépendantes. Il importe donc de s’astreindre à
- respecter méthodiquement la progression que
vous aurez définie (les parties),
- d’en souligner les étapes et d’en mettre en
évidence les articulations par des transitions judicieusement ménagées.
- Il convient par conséquent d'éviter :
- un excessif cloisonnement entre les
différents aspects étudiés (les parties), ce qui a pour effet
d’escamoter le dynamisme propre au texte ;
- la multiplication des redites et des
rappels, au risque de lasser le lecteur, mais aussi de l’égarer.
- Il importe également de prendre en compte,
s’il est remarquable et signifiant, le mouvement propre du texte, sans
pour autant réintroduire subrepticement dans l’exposé, localement ou
globalement, une démarche d’explication linéaire.
- Chaque partie ou axe de lecture
- commence par une phrase qui presente son
objet.
- est séparée de la précédente par un saut
de ligne
- commence par une phrase d'introduction
- se termine par une phrase de liaison
- comprend plusieurs paragraphes dont
chacun commence par un mot de liaison.
Le début de chaque paragraphe est marqué par un retrait. Ne pas sauter
de ligne entre deux paragraphes.
- Un paragraphe, c'est
- une idée et étayée par au moins
un exemple analysé, tiré du texte, avec citation plus ou moins longue.
(Respecter la présentation des textes poétiques)
- Votre commentaire doit s'appuyer sur le
texte; vous devez donc l'etayer par ce qui est dit sans dupliquer, ni
reformuler le texte ( la paraphrase est formellement proscrite).
- Les citations.
Outre le respect des usages typographiques (emploi des guillemets,
barre oblique en limite de vers…), il convient de choisir avec
discernement, en s’efforçant de les diversifier, entre plusieurs formes
possibles d’intégration :
- citation détachée (introduite par
deux points) ;
- citation insérée dans la phrase
(sans en interrompre le mouvement) ;
- très brèves citations entre
parenthèses (ne pas abuser de ce procédé).
Dans tous les cas, la citation doit s’intégrer utilement et logiquement
au devoir, c’est-à-dire servir à des fins de démonstration et/ou
d’illustration : elle doit venir étayer le commentaire, en aucun
cas en tenir lieu : un commentaire composé n’est pas un montage de
citations, même classées… Il convient aussi de proscrire les citations
trop longues, trop nombreuses, inopportunes ou redondantes.
Mais la citation ne constitue pas le seul et unique moyen de prendre à
témoin le texte commenté. Au contraire, un bon commentaire sait prendre
appui sur un ensemble diversifié d’éléments significatifs : faits
de langue et de style, faits de syntaxe, composition, opposition et/ou
répétition de motifs thématiques, champs lexicaux, dispositif(s)
énonciatif(s)… tout cela peut s’avérer particulièrement signifiant.
Pour commenter un texte il faut donc constamment le citer – mais dans
le sens juridique du terme ("citer" un témoin à comparaître) :
citer le texte à comparaître pour infirmer ou confirmer vos hypothèses
; et, s’il rechigne à parler, ne pas hésiter à… mettre le texte à la
question.
3°) La
conclusion
Très souvent négligée (fatigue ? manque de temps ?
laisser-aller ? ), il est souhaitable de la rédiger après avoir fait le
plan détaillé ou le brouillon, et non à la fin de l'épreuve.
- Elle a pour fonction :
- de faire œuvre de récapitulation
(retracer les étapes de l’analyse)
- d’évaluer globalement la pertinence de
l’orientation générale de lecture définie dans l’Introduction .
- Elle doit contenir :
- au minimum un résumé très rapide du
développement (rappel des thèmes, caractères essentiels de la forme,
appréciation personnelle), sans reprendre textuellement l'introduction ;
- éventullement (pour l'améliorer !) un
élargissement, c'est-à-dire, à partir du texte, une ouverture sur des
réflexions plus générales ( par exemple à l’œuvre à laquelle appartient
le texte, à l’époque historique dont il est le miroir ou le produit, au
corpus au sein duquel, à des titres divers, il est susceptible de
prendre place, etc) ou sur un autre point de vue.
Attention ! Il ne s'agit pas d'introduire une idée nouvelle, qui se
rapporterait exclusivement au texte, et que vous auriez oubliée dans le
développement.
© Fourestier Gérard
