Plan
général
de la DISSERTATION
I-
Vue d'ensemble du plan dialectique
Il s'agit du plan le plus connu, le fameux plan :
THÈSE - ANTITHÈSE - SYNTHÈSE
La démarche préconisée est la suivante: après que le problème a
été
posé dans l'introduction, le corps du devoir comporte trois parties :
THÈSE
Défense d'un certain point de vue sur la question.
ANTITHÈSE
Apport d'arguments opposés à la thèse défendue précédemment; on aboutit
à une contradiction apparente.
SYNTHÈSE
Établissement d'une vérité moyenne
plus nuancée, ou mieux, dépassement
de la contradiction apparente à laquelle on avait abouti par l'apport
d'éléments nouveaux. On peut avoir souvent recours à ce plan, mais en
se gardant des défauts
les plus courants qui sont la juxtaposition simpliste de deux thèses
opposées et la synthèse inconsistante.
II-
La juxtaposition simpliste de deux
thèses opposées
On voit
des élèves défendre pendant deux pages une thèse, puis,
sans
transition, soutenir une position diamétralement opposée.
En fait,
l'antithèse ne doit pas prendre de but en blanc le contre-pied de la
thèse; elle doit apporter un certain nombre de restrictions et
d'arguments opposés à la thèse initiale.
Ce n'est qu'au terme de
l'antithèse qu'un problème se pose, problème né de l'incompatibilités
des arguments en présence. La synthèse permet alors de sortir de
l'impasse.
Si, par exemple, dans une première partie, on démontre chiffres
en main
que le problème démographique prend des proportions inquiétantes,
on ne
peut pas se mettre à affirmer, sans transition, que l'inquiétude dans
ce domaine est sans fondement.
Mais on commencera par évoquer les
possibilités offertes par les nouvelles sources d'énergie, les
nouvelles techniques de culture,
les possibilités de régulation des
naissances, autant d'éléments qui permettront d'atténuer les
inquiétudes suscitées par la thèse.
III-
La synthèse inconsistante
Les
élèves ont souvent beaucoup de peine, lorsqu'ils adoptent le
plan
dialectique, à rédiger la troisième partie, c'est-à-dire la synthèse.
Pour ne rien leur cacher, c'est aussi une difficulté que
rencontrent
assez souvent leurs professeurs.
Si vraiment vous ne trouvez pas de quoi constituer une troisième
partie, s'il vous semble que la conclusion suffit à faire le point,
rédigez un devoir en deux parties, avec une conclusion assez étoffée.
Ce sera toujours mieux qu'un devoir comprenant une troisième partie
artificiellement plaquée, oiseux délayage de la conclusion.
La synthèse est en fait la partie la plus difficile. Dans certains cas
elle peut se limiter à l'établissement d'une vérité moyenne ; après
avoir examiné les positions les plus extrêmes, on en vient à un point
de vue plus nuancé. Cette méthode a souvent l'inconvenient de terminer
le devoir d'une manière assez plate, mais il n'est pas toujours
possible d'y échapper. Il est souvent plus intéressant
de procéder à un dépassement de la
contradiction; cela peut consister par exemple à donner une explication
de cette contradiction, ce qui est souvent en même temps une amorce de
solution. La synthèse peut aussi montrer que la
contradiction n'est en fait
qu'apparente; ainsi, après avoir opposé littérature «
nationale » et
littérature à vocation « universelle », nous avons, dans un sujet
traité plus loin, montre qu'il n'y a pas toujours opposition entre
l'une et l'autre, et que c'est souvent en étudiant un terroir ou un
individu dans sa singularité qu'on atteint à l'universel.
IV-
Remarques
L'ordre de présentation des arguments. Les élèves sont
souvent embarrassés par un problème : des deux prises
de position qui s'affrontent dans le plan dialectique, laquelle doit
constituer la thèse ? Éliminons tout d'abord l'idée qui veut que la
prise de position de
l'auteux commenté doive constituer obligatoirement la thèse. Rien ne
justifie une telle idée.
L'ordre adopté dépend de la conclusion à laquelle vous
voulez aboutir.
Si vous voulez aboutir à une conclusion « moyenne », l'ordre a peu
d'importance. Mais dans le cas contraire il vaut mieux garder
pour
l'antithese la prise de position qui correspond à votre
conclusion.
Vous commencez par montrer que vous connaissez la position adverse,
puis vous revenez en force pour défendre la thèse qui vous tient à cœur.
Le plan par le « triple point de vue »
On trouve dans certains ouvrages sur la dissertation une allusion au
plan par le « triple point de vue ». Par exemple, à propos d'une
définition :
→ point de vue
de l'auteur de
la citation commentée,
→ point de vue habituel sur la
question,
→ point de vue du candidat.
En fait, si ces trois points de vue étaient simplement juxtaposés, le
devoir serait mauvais. Il faut qu'il y ait confrontation entre eux et
qu'il y ait une progression à l'intérieur du devoir; de ce fait le plan
se rapproche beaucoup du plan dialectique, qui est sans doute le mieux
adapté pour un raisonnement équitable.